Démarche artistique
L’observation du réel et mon regard sur le temps me servent de sujet pour réécrire un nouveau récit. Ainsi ce n’est sûrement pas un hasard si mes projets prennent forme dans un contexte à la fois riche d’histoire(s) et de singularité(s). Le lieu précède l’individu et c’est au moment de leur rencontre que la narration peut commencer.
Contrainte depuis plusieurs années par la taille de mon atelier, je suis allée vers d’autres espaces, échappées/escapades qui ont marqué le début de mes installations. Le lieu est alors devenu pour moi ce topos qui livre avec lui une zone géographique, économique, sociologique qui sont autant de trames qui vont accrocher mon regard et constituer l’amorce de mon propos.
Avec l’installation je peux mettre au jour une nouvelle réalité. Telle l’archéologue butant sur un fragment du passé, je prélève un élément constitutif de l’histoire du lieu, mais à l’encontre de la première je le réinvestis dans une nouvelle proposition, le livrant ainsi, dénué de son sens premier, au regardeur venu à sa rencontre.
Si le lieu est l’élément circonstanciel de mon travail, la porcelaine en est le verbe, le noyau. Elle m’a permis de développer un champ lexical et ses propriétés me permettent de transposer les matières issues des trois règnes en trompe-l’œil. Jouant aussi bien de ces décalages que de ces similitudes visuelles et tactiles avec le minéral, le végétal et l’animal, la porcelaine crue ou cuite se retrouve à la croisée des thématiques qui articulent mon travail. Elle m’emmène au plus près des thèmes qui me sont chers comme la mémoire, la fragilité ou la quête des traces laissées par des passages anciens.
Ces fils tendus de part et d’autre constituent le corpus des pièces que l’on retrouve dans mes installations. Il s’agit aussi bien d’objets authentiques que de pièces imaginées, reconstituées à l’aide d’autres matériaux.
Le lieu choisi, comme ses témoins réels ou fictifs, ne nous adressent pas une version officielle, mais ils invitent le regardeur à se raconter une histoire.